2009/09/30

La trentaine mouvementée

C'est ça, j'ai la trentaine mouvementée. Bon, elle est encore jeune, mais jusqu'à maintenant, ça bouge plus que la cliente (en l'occurrence, moi) en demande.

Pendant ma trentième année, j'ai retrouvé mes yeux neufs de quand j'étais petite. J'ai perdu ma grand-mère et appris le cancer de ma mère (j'ai donc opté pour une nouvelle mise en pli de solidarité, moi qui ne croyais jamais pouvoir faire ça). Et il y a tout le reste, ce qui ne s'écrit pas, ce qui ne se raconte pas.

Dernièrement (il y a deux jours), j'ai franchi le cap de la trente-et-unième année. Si mon anniversaire s'est passé dans le calme, on ne peut pas en dire autant du reste. Je suis de retour dans le groupe des chercheurs d'emploi. Belle surprise! Bien que certain l'ait vu venir, ce n'est pas mon cas. Heureusement, ce n'est pas pour demain matin, mais il reste que ma sacro-sainte semaine de vacances liée à mon anniversaire s'est avérée une semaine de préparation à la recherche: mise à jour du cv, refamiliarisation avec les sites de recherches, envoi des premières offres de service. Je me sens forte et positive, mais je m'en serais passée.

Je pense que je serais prête à ralentir éventuellement. Les astres pourraient peut-être finir par s'aligner comme du monde, ça ne nuirait pas. Un bon emploi, une belle famille, de la santé, de la vie... je regarde ça et je me dis que oui, ça me conviendrait.

En attendant, la matante de tout juste trente-et-un ans pédale fort!

2009/09/25

7 ans

On entend souvent qu'un cycle de vie est de 7 ans. Comme peu de choses dans ma vie se sont rendues là, jamais je n'y avais vraiment porté attention. Jusqu'à aujourd'hui.

Après 7 ans d'investissement, de dévouement, de plaisir, de défis, la page tournera bientôt.

J'ai toujours dit que rien n'arrive pour rien dans la vie. Aujourd'hui, je m'y accroche de toutes mes forces. Mieux m'attends ailleurs, reste à savoir où.

2009/09/07

Forte à nouveau

Le cancer de ma mère me fait peur, me fait mal. Je ne comprends pas pourquoi ça lui arrive. Je l'aime et j'ai peur de la perdre.

Elle a besoin de gens forts autour d'elle afin d'épauler cette force incroyable qu'elle dégage elle-même depuis le tout début. Je tente de la rassurer alors que je suis moi-même apeurée au possible. Je l'admire, j'admire sa force et sa persévérance.

Une grosse épreuve l'attendait aujourd'hui: elle s'est fait raser les cheveux. Le processus était déjà commencé depuis plusieurs jours, mais elle en retardait l'échéance. Lorsqu'elle m'en a avisé au téléphone que bientôt, elle n'aurait plus le choix, sa peine était tellement criante de douleurs. J'étais impuissante, je n'avais plus les mots.

Le soir même, j'ai pris une décision. Ma première vraie décision de l'été. Avant de me rendre chez elle, j'ai moi aussi abandonné mes cheveux. Je suis contente de ma décision, depuis que je l'ai adoptée, jamais je n'ai eu l'ombre d'un doute. Il s'est passé presqu'une semaine complète entre mon choix et sa réalisation, mais pas une minute je n'ai hésité.

Quand j'ai décidé de me faire raser, quand je suis allée acheter mes foulards, j'étais fière de moi, je sentais que le vent changeait de côté, enfin.

Je respire et je sens que mon impuissance face au cancer s'allège. Je sais que ça ne la guérira pas, mais pour moi, ça signifie que je suis à côté d'elle, forte à nouveau après des semaines de faiblesse.

2009/09/06

Une carte d'anniversaire

Il y a quelques semaines, ma grand-mère est décédée. Même si je sais que c'est mieux comme ça, qu'elle était rendue au bout de sa route, ça me fait de la peine.

Je me sens coupable parce que je n'ai pas été capable de l'assister jusqu'à son dernier souffle. Je l'ai abandonnée; parce que j'avais trop mal, je suis partie. Elle était si petite dans son grand lit, avec sa respiration trop lente et ses yeux vides.

Elle était une femme forte, qui a traversée tellement d'épreuves dans sa vie. Elle m'aimait. Beaucoup.

À son chevet, je lui ai beaucoup parlé. Comme elle ne semblait plus entendre, je lui ai parlé par télépathie, c'était plus intime ainsi. Je lui ai demandé de prendre soin de ma mère, de ma soeur et de son garçon, de moi. Je lui ai demandé de passer par chez moi si le lui donnais un jour d'autres arrière-petit-enfants. Je lui ai demandé d'insuffler un peu de paix dans mon coeur.

J'ai de la peine qu'elle soit partie en même temps que je suis soulagée. Elle ne souffrira plus, elle ne sera plus déçue par la vie.

Elle m'aimait et je crois bien qu'elle m'aime encore.

Ma mère m'a fait lire une carte d'anniversaire que j'avais offerte à ma grand-mère il y a quelques années. Dans la carte, je lui disais combien elle avait été importante pour moi. Je reprenais chaque étape de ma vie (bébé, enfant, ado, femme) en lui mentionnant à chaque fois l'impact qu'elle avait eu sur moi. Ça m'a fait du bien de lire ça. J'avais sous les yeux tout le bonheur que cette femme m'a apporté. Je me suis sentie en paix et j'ai souri.

J'ai eu beaucoup de chance de l'avoir comme grand-mère et j'en ai profité. J'ai revu ce qu'elle avait fait pour moi, ce qu'on avait fait ensemble et son absence m'est moins douloureuse.

Je sais que, peu importe où elle est, elle ne m'abandonnera pas, pas après tout ça.

2009/09/03

Son petit baluchon

Depuis toujours, il traîne son petit baluchon.

Le tissu est parfois bien solide et très compact. Par contre, plus il est fatigué, plus les fils s'affaiblissent, allant parfois jusqu'à se rompre et laisser tomber son contenu.

Dans son baluchon, il trimbale tout un assortiment d'émotions. Souvent, il est léger comme l'air, gonflé de petits bonheurs et de grandes joies. Dans ses cas-là, même un grand nombre de mauvaises nuits ne l'atteigne pas.

Par contre, il arrive qu'il devienne si lourd que ses pas sont difficiles, son équilibre précaire. Lorsqu'il déborde de peine, de colère, d'envie, de jalousie, de peur, il voudrait le laisser sur le trottoir. L'abandonner et s'en trouver un beau tout neuf. Malheureusement, c'est celui-là qui est le sien, personne d'autre ne peut le porter à sa place, ses mains sont fermement collées au manche.

Lorsqu'il est plein de ses couleurs ternes et que les fils s'amincissent, il arrive qu'une partie de son contenu s'en échappe et roule sur le sol, n'importe comment, n'importe quand. Ça devient dangereux; pour lui et pour tous ceux qui pourraient marcher sur les débris.

Personne ne peut voir son baluchon, encore moins son contenu, sauf s'il accepte de le montrer ou si des pièces s'évadent sans son consentement. Personne ne peut connaître le poids qui lui pend au bout des bras.

2009/09/02

L'arrivée de l'inévitable

Elle a peur. Elle a mal. Elle sait maintenant que l'inévitable est à quelques jours de se produire.

D'ici quelques jours, elle sera officiellement une victime visible du cancer. Ses cheveux l'abandonnent lentement jusqu'à ce qu'elle fasse le grand geste, l'ultime geste qui lui confirmera que, même si elle se sent encore en pleine forme, elle est gravement malade.

Elle pleure; des sanglots incontrôlables, sans pudeur. Il n'y aura plus de cachette, plus de cette intimité qui voile la maladie aux yeux des autres.

Elle a peur de sa réaction, de celles des autres autour d'elle. Elle a peur de craquer, de perdre la face, de faire rire d'elle.

Tout n'était que mots, diagnostiques, piqûres, traitements. Ce n'était pas facile, mais elle était forte et déterminée. Aujourd'hui, à l'aube de cette nouvelle phase, elle devient toute petite, toute fragile. Évidemment, c'est momentané puisque sa grande force n'est pas dans ses cheveux, mais bien dans son coeur et dans sa tête. Évidemment... mais pour l'instant, elle se prépare à un deuil douloureux.

Malgré tout, elle sera forte et entourée; c'est une promesse à la vie, croix sur mon coeur.