2006/11/28

Le beurre et l'argent du beurre

Finalement, le lilas a perdu ses feuilles. Il s'est battu fort, il a résisté longtemps. Garder sa beauté d'été et faire son sommeil hivernal, le beurre et l'argent du beurre. Il a dû se rendre, faire un choix, même si, dans le fond, le froid a probablement choisi pour lui.

J'ai voulu le beurre et l'argent du beurre, moi aussi. Je me suis battue longtemps, à croire que j'ai réussi à me convaincre que je pourrais garder les deux sans conséquence...

Mes feuilles vertes étaient ma sécurité, ma sortie de secours, ma pilule contre les tremblements de peur. À croire qu'il reste quelques séquelles, malheureusement. Mes feuilles vertes ne sont plus qu'une façade, une bouffeuse d'énergie et autres ressources. Mes feuilles vertes sont devenues lourdes à supporter. Lourdes financièrement, mais aussi lourdes émotionnellement, car elles sont là pour me rappeler que j'ai peur.

Le sommeil hivernal est mon état de bien-être, ma nouvelle vie. Par ce sommeil, j'ai l'impression de profiter de ce que la vie a à m'offrir, de cesser de me battre pour enfin être seulement bien. Perdre mes feuilles semble présentement être dans le cours normal de la nature. Le sommeil n'est pas signe de résignation ou d'abandon, bien au contraire, c'est plutôt la voix d'un état de paix, d'un nouveau départ en pleine possession de nouveaux moyens.

J'ai peur d'avoir un réveil brusque à la scie mécanique. Quand le vent a une bourrasque trop forte, je m'accroche désespérément à mes feuilles pour me sentir moins vulnérable, plus solide. Est-ce un mirage? Évidemment, peu importe la volonté du lilas, d'autres éléments ont gravité autour de lui, tout comme pour moi...

J'imagine que c'est le temps de lâcher prise et d'assumer; le temps d'ouvrir le jeu et de mettre cartes sur table... Pourquoi est-ce si difficile?