2007/06/17

Miss Ryvie, quatre ans et demi

Petite, je ne me suis pas souvent faite chicaner par mes parents. D'abord parce que j'étais une enfant platte, ensuite parce que je ne leur en laissais pas l'occasion. Suite à une "mauvaise action", dès que je voyais leur physionomie changer, je m'autochicanais, voir même m'autopunissais.

Ceci explique peut-être en partie le fait que j'ai le bouton de la culpabilité très sensible. Si j'avais attendu qu'on me chicane, j'aurais vu que, souvent, je m'en faisais pour rien, que mon comportement n'était pas si pire que ça finalement.

Je travaille donc, depuis quelques années, et avec plus de détermination encore depuis quelques mois, à maîtriser cette paranoïa de mes quatre ans et demi.

Aujourd'hui: rechute.

Alors que rien ne se passait comme je l'aurais souhaité, j'ai décidé, en plein coeur d'après-midi que ce dimanche 17 juin serait consacrée à moi et pour moi. J'ai donc à peine vu les minutes de l'après-midi passer, alors que je lisais dehors, confortablement installée à l'ombre. Ensuite, j'ai décidé de faire la grève des chaudrons et de manger des toasts au beurre d'arachides pour souper. Puis, mon programme disait que j'allais terminer la soirée en regardant un film à la télé tout en flattant le roi poilu.

Le bogue est survenu entre les toasts et la télé. Un téléphone attendu, une voix douce à mon oreille, une suite de mots. Puis, alors que je finissais ma dernière bouchée, la petite voix, désagréable, qui m'a murmuré: "Tu sais, c'était peut-être un message ou, pire, un reproche!" Je lui ai répondu que non, que ce que je devais faire était fait, que tout était correct, que c'était simplement une conversation du genre "tu fais quoi demain". Moment de silence.

Cinq minutes plus tard, j'avais le boyau de l'aspirateur dans les mains et je crissais après ma petite voix qui avait gagné le combat. Comme je ne voulais pas faire le boulot à moitié, je l'ai passé partout, mais je me suis promis que c'était tout pour ce soir.

Quand j'étais petite, j'avais ma mère derrière moi pour me répéter de faire le ménage de ma chambre. Maintenant, je suis assez grande pour le décider moi-même et, en principe, assez grande pour faire la différence entre un reproche et une affirmation anodine. En principe, j'ai vingt-huit ans, mais ce soir, j'ai à nouveau eu quatre ans et demi...

Et j'ai manqué le début de film! Je vais retourner lire...