2007/06/11

Amateur

J'ai toujours habité en appartement, donc pas de cour, pas de fleurs, pas de gazon.

Étant maintenant résidente d'une maison qui ne m'appartient pas mais dont j'aime beaucoup le propriétaire, il m'arrive d'avoir des élans du coeur. Le genre d'idée qui nous semble tellement géniale qu'on ne peut que l'appaudir haut et fort en se tapant sur l'épaule pour nous féliciter d'y avoir pensé (je sais, ça prend au moins trois mains pour faire tout ça, mais bon, sois créatif!).

Ce soir, je suis allée arroser les fleurs, comme nous le faisons avec rigueur depuis quelques semaines, dans l'espoir que ça finisse par être beau (... je commence à désespérer, d'autant plus que je ne sais pas distinguer les futures belles fleurs des mauvaises herbes!). Alors que je sacrais après le dévidoir du boyau d'arrosage, j'ai pris quelques secondes de repos et j'en ai profité pour jeter un oeil autour de moi. Comme j'étais en position "petit-bonhomme", ce qu'il y avait à ma vue, c'était le gazon. Oulala! Il a plu beaucoup lors des derniers jours et ça paraît.

C'est à ce moment-là que la bulle a passé dans mon cerveau: " Hey, la grande, t'es capable de passer ça une tondeuse Kyoto! Ça lui fera une surprise!"

Toute heureuse d'avoir eu cette idée, j'ai fini joyeusement le rembobinage du boyau, me voyant déjà parcourir la cour, trotinant allègrement derrière l'arme de destruction massive pour les bouts de gazon trop longs.

J'ai déchanté en m'apercevant que ce n'est probablement pas pour rien si les gens passent la tondeuse le dimanche matin plutôt que le lundi soir... en plein à l'heure où les maringouins crient "Famine!". Assis sagement sur le balcon et ils viennent nous relancer... Imagine lorsqu'on va brasser leur milieu naturel! Je les entendais hurler leur bonheur d'avoir droit à un "all-you-can-eat" sans même avoir à se déplacer!

La tentation de remettre mon idée de génie dans la remise et de faire comme s'il ne s'était rien passé dans ma tête a été forte... très forte. Mais je me suis dit que c'était un coup à donner, que ça lui ferait une surprise et que la prochaine fois que je serais illuminée par une idée de ce genre, je me boucherais les oreilles et chanterais à tue-tête.

La job n'est pas parfaite, ni complète... mais on voit la différence.

C'est ça, être un amateur avec de belles intentions... on part les joues rouges de plaisir à songer au bonheur qu'on va immanquablement procurer à l'autre et on revient le corps parsemé de trous qui piquent, la sueur au front et l'envie irrésistible de sacrer...

C'est aussi bien de lui faire plaisir! (En d'autres mots, chéri, dis-moi merci à ton retour même s'il fait noir et que tu ne vois rien! On appelle ça du renforcement positif et, pour avoir l'idée de repasser la tondeuse un jour, j'en aurai grandement besoin!)