2007/01/23

La grande bataille

On se bat pour être le meilleur, pour qu'il y ait moins d'injustice, contre la pauvreté, pour la liberté. On se bat pour garder sa place, contre la maladie, pour l'équité.

Mais, la plus grande bataille de toute, la plus sournoise parce qu'elle propose des illusions de victoire, c'est la bataille pour son propre bonheur. Se déclarer gagnant, c'est déjà devenir perdant. Rien n'est acquis, encore moins le bonheur. Une seconde peut tout faire basculer.

Tout le monde recherche le bonheur facile, sans sacrifice, sans embûche. Il existe certainement, mais il se fâne vite, malheureusement. En fait, il s'apparente alors bien davantage à un plaisir qu'au bonheur dans toute sa grandeur. À l'état naturel, l'humanité semble avoir une propension pour le malheur et la douleur; sans effort, la vie devient morne et perd l'éclat qui fait que c'est agréable de se lever le matin.

Le vrai bonheur est celui auquel on porte de l'attention, celui que l'on protège sauvagement tout en lui permettant de grandir et d'évoluer. Le vrai bonheur demande de faire confiance à la vie, mais surtout de se prendre en main, d'agir, de le provoquer. Le vrai bonheur exige parfois beaucoup d'humilité, d'empathie, de patience, de tolérance. Le vrai bonheur prend du temps à s'installer, il faut l'apprivoiser, apprendre à le reconnaître, à comprendre ses exigences.

Cela semble compliqué, mais c'est probablement pour ça que l'évaluation finale est retardée jusqu'au moment de notre mort. Les trèves sont permises, on peut parfois mettre le genou au sol, mais on n'a pas le droit de sortir le drapeau blanc. Évoluer, avancer, protéger, défendre, aimer, croire, voilà les stratégies de cette guerre sans fin.