2007/11/26

Le coin de jardin

Tout va bien. En fait, tout va de mieux en mieux. La garde s'endort lentement, la confiance gagne en maturité, le sentiment de sécurité ose même montrer le bout de son nez. Le temps a coulé et, comme une couverture chaude, il a réchauffé le coeur frileux.

Soudainement, sans contexte ni prétexte, il y a un petit serrement. Presque rien. Son murmure est tellement bas qu'il faut tendre l'oreille pour s'assurer que c'est bien lui qui se manifeste. Il n'est pas propulsé par un événement précis, en fait, il a pris sa source directement dans le passé et se permet de s'agiter comme ça, une fois de temps en temps.

Comme si le coeur ne pouvait être totalement détendu. Comme si la menace pouvait prendre forme encore une fois. Et pourtant, rien ne le justifie, il est juste là, guettant sournoisement une soirée où le corps et l'âme sont plus fatigués qu'à l'habitude. Parce qu'il n'a pas été entendu la première fois, alors qu'il criait "Au loup!" pour vraiment lui avoir vu la queue, il tient, à intervalle irrégulier, des pratiques d'évacuation en sonnant l'alarme.

Heureusement, il y a la petite voix, celle qui discute fort avec le tremblement. C'est grâce à elle que tout est encore possible, car elle est assez puissante pour tout ramener à sa taille réelle et chasser les montagnes de nuage. Elle voudrait tant qu'il cesse de harceler, qu'il comprenne que cette fois-là, l'histoire sera différente. Elle négocie son silence en promettant de parler à voie haute si un doute s'avance. Elle lui conjure de quitter, de laisser le coeur battre comme il l'entend, avec toute la spontanéité dont il est capable.

Oui, le coeur est bien au chaud, collé contre celui sur qui il fait bon se réchauffer. Il aime joindre son rire au sien. Il sait que ses larmes seront recueillies délicatement. Le coeur a mis du temps à y croire, mais là, il ne veut plus revenir en arrière. Il a trouvé un coin de jardin où il sait qu'il pourra devenir un arbre grand et fort.