2007/12/27

Histoire tragique de la fin d'un destin

L'histoire commence il y a de cela bien des années. Une fillette, ayant à peine goûté à l'âge de raison, a décidé de la couleur qu'aurait son destin.

Les années sont passées et la petite fille a emprunté la route de ce qu'elle appelait secrètement sa voie, le chemin de sa vie.

Elle avança, parfois à la course, parfois en rampant. Jamais un autre chemin lui a paru suffisamment alléchant pour qu'elle délaisse le sien. La vie étant ce qu'elle est, il y eu quelques détours pour cause de travaux, mais elle y revenait toujours. Malgré les trous dans la chaussée, malgré les interminables feux rouges, elle regardait droit devant. En fait, bien qu'elle soit encore loin, elle voyait la lueur scintillante là, tout au bout.

Alors qu'elle approchait de la partie asphaltée, celle où il allait enfin être possible de toucher la source de lumière, un épais brouillard apparu. Le jeune femme a du ralentir sa progression. Ça devenait dangereux d'avancer à l'aveuglette. Malgré toute les embûches rencontrées au cours de son périple, jamais le ciel ne s'était assombri de cette manière. Y voyant un signe, elle tendit les mains devant pour éviter de se briser le nez sur un obstacle qui aurait surgi de nulle part.

C'est par une nuit d'hiver que le contact se produisit. Alors qu'elle dormait, quelque chose la tira de son sommeil, sans raison précise. Sans savoir pourquoi, elle se leva et c'est à ce moment-là qu'elle a plié de douleur. Tel qu'elle l'avait craint, sa main a touché un mur. Un grand mur, froid, solide.

Cette nuit-là, elle a compris que toutes ces années, elle avait avancé, motivée par un mirage.

Cette nuit-là, elle pleura son destin. Il était mort, tragiquement.

Le lendemain, bien que brisée, la jeune femme existait toujours. Une fois les larmes épuisées, elle regarda à gauche, puis à droite, à la recherche d'une nouvelle route. La gauche était une pente abrupte. S'y diriger permettrait de s'enfuir rapidement. Peut-être même que ce chemin la ramènerait de l'autre côté du mur, qui sait. Il menait peut-être aussi vers un énorme trou noir. Le risque était grand.

Vers la droite, bien qu'il soit impossible de voir la fin du trajet, de nombreuses balises bordaient l'accotement. Des signes, des émotions, des regards qu'elle connaissait bien. Elle se sentit rassurée, car elle avait craint de les avoir perdues, elles aussi. Elle se rappela alors l'absence total de lumière dans l'autre voie.

Bien qu'elle ne savait plus où sa vie devait la mener, la jeune femme a fait un pas à droite. Elle avait peur. Peur d'avoir échoué sa vie, peur de passer à côté de quelque chose d'important, mais par-dessus tout, elle a eu peur de perdre ses balises.

Le deuil d'un destin ancré dans l'âme depuis si longtemps est douloureux. Son souvenir ne peut être jeté à la poubelle comme on le ferait d'une boîte de jus vide. Avant de poursuivre son périple, la jeune femme devra se refaire des forces, car nombreux étaient ceux à connaître la route que la petite fille avait choisi, il y de cela une éternité.

Alors voilà: par une nuit d'hiver, à 5 h du matin, un destin est mort tragiquement devant les yeux de celle qui l'avait porté toutes ces années.