Jaune, orange et rose

Il y a les bons, ceux qui semblent avoir le don, ceux qui pratiquent depuis des années. Il y a ceux qui veulent apprendre. Ce soir, à l'atelier de jonglerie, tout ce beau monde se côtoyait dans une atmosphère ludique et sérieuse à la fois.

Alors que je manipulais un seul foulard pour la première fois de ma vie, un gamin de troisième année peaufinait sa technique à trois quilles.

Puis il y a eu deux foulards, puis trois... Ils s'emmèlaient les uns aux autres, mes mains se coinçaient dans le tissu, les foulards flottaient doucement jusqu'au sol...

Les balles ont suivi, une, deux et trois... Ce n'est pas facile, le trois balles est encore un mystère. On essaie un peu, et on refait sa confiance en reprenant les foulards. Puis on reprend les balles à nouveau.

Pendant ce temps, ça bouge autour! Diabolo, bâton-fleur, monocycle, rola-bola, petits, grands, amateurs, initiés, le gymnase grouille de vie. L'air embaûme la persévérance et la patience. Tout le monde recommence encore et encore, chacun à son propre niveau de difficulté.

Les dernières minutes sont consacrées à la démonstration de ce que nous avons appris, sur une base volontaire. Ma soeur et moi avons donné notre premier spectacle ensemble. Nous ne sommes pas prêtes pour le Cirque du Soleil, mais nous avons eu nos applaudissements. Des bravos pour l'audace, des regards encourageants qui nous criaient que c'était correct d'échapper, mais qu'il faudrait toujours récupérer et recommencer... ne pas abandonner.

On voudrait tout faire tout de suite. Leçon numéro un: une chose à la fois, le jaune, l'orange et le rose, tout doucement et les foulards se changent en un légers nuages de beauté.

Ce sera une belle expérience avec ma plus grande complice. Une expérience de dépassement de soi.