2007/03/27

Mots

Certains mots mettent du temps à prendre vie. Ils sont là, engorgés de sens et ils attendent. Parfois parce que le temps n'est pas oppportun, parfois parce que le récepteur n'est pas prêt, parfois parce que l'émetteur a peur.

Certains mots restent longtemps verts. Ils sont là, mais ils ne sont pas mûrs, ils laissent un arrière-goût âcre dans la gorge avant même d'y être passé. Il faut alors attendre. Certains d'entre eux trouvent parfois un synonyme satisfaisant et moins irritant. D'autres resteront à la chaleur plus longtemps.

Certains mots sont conservés trop longtemps. Lorsqu'ils tombent, ils sont pourris ou rongés par les vers. Ils empoisonnent leur destinataire avec leur haut taux d'acidité. Ils devraient être mis à la déchiqueteuse ou encore réduits en purée, mais souvent, ils sont éjectés spontanément à la suite d'une bouchée de travers.

Certains mots sont voués à l'indifférence. Peu importe le temps passé à se peaufiner, peu importe le travail qu'il leur aura été nécessaire pour qu'ils puissent enfin voir le jour, ils tomberont à plat, tous leurs efforts seront ignorés. Ils regretteront leur geste et retourneront dire à la couveuse que c'est peine perdue. Ils souhaiteront jamais n'avoir franchi la frontière du monde extérieur.

Certains mots goûtent le miel. Ils existent pour faire du bien, pour caresser, pour aimer. Parfois rouge de timidité, ils hésitent à se commettre. Parfois propulsés par un vent du fond du coeur, ils créent un raz-de-marée de douceur. Ils sont beaux, ils sont bons.

Le même mot peut prendre toutes les couleurs du monde.
Le rouge qui veut aimer.
Le vert qui hésite à se confier.
Le bleu qui ouvre les horizons.
Le jaune qui taquine.
Le rose qui console.
Le gris qui reproche.
Le blanc qui éblouie.
Le brun qui salit.
L'oranger qui réveille.
Le lilas qui cajole.
Le doré qui explose.
Le beige qui s'ennuie.
Le noir qui souhaite blesser.

Question d'intentions, d'états d'âme, de désir, de maladresse, d'émotions...