2008/04/19

Sans oraison funèbre

J'ai cru qu'il ne partirait jamais. Que son empreinte serait là à jamais tellement elle était imposante. J'ai cru que son départ, si jamais il s'y décidait enfin, laisserait des marques qui éclabousseraient partout et longtemps.

Et pourtant, il quitte, repoussé par une volonté de passer à autre chose, de respirer librement à nouveau. Ignoré par tous ces gens qui lui font la moue, il se résorbe, allant se cacher dans le sous-sol de la terre. Probablement comme une grimace, il révèle tout ce qu'il avait caché, les saletés, les feuilles mortes, comme pour dire que, pendant un temps, il a quand même enjolivé le paysage.

Malheureusement pour lui, personne ne pleure son départ, poussant l'audace à célébrer sa mort alors qu'il est toujours présent, ça et là. Sa dernière vengeance sera probablement le rhume qu'il laissera en souvenir à ceux qui auront omis de vivre un deuil décent en exhibant fièrement mollets et orteils.

Chaque jour, alors qu'il s'efface un peu plus, son souvenir dans la tête des gens en fait de même. Ébloui par le pouvoir du nouvel arrivant, les heures passés à sacrer, pelle à la main, font partie d'une époque révolue.

Le roi est mort, vive le roi! Ainsi en est-il, du moins pour quelques mois...