2010/11/08

Dimanches soirs

Je déteste les dimanches soirs. Pas depuis toujours. Je déteste les dimanches soirs depuis quelques semaines. De plus en plus.

Rappel que ma vie stagne. Rappel que le lundi suivra. Rappel que je ne serai rien de plus une fois qu'il sera passé.

Je déteste les lundis. Pas depuis toujours. De plus en plus.

Rappel que les autres ont une vie. Rappel que je suis au point mort. Rappel que je suis toute seule.

Cette angoisse qui évolue au fil des semaines, qui me rappelle que le temps passe et que, du temps, il m'en reste de moins en moins. Cette boule qui m'empêche de trouver le sommeil, en particulier le dimanche soir, sachant qu'une semaine de plus s'ajoute à ce qui est passé et qu'une semaine se retire de ce qui est devant.

Cette peur de sombrer, de devenir personne à tout jamais parce que j'aurai manqué un train, quelque part, je ne sais où. Ce tremblement qui me fait sentir toute petite et bien inutile. Cette peur de me retrouver dans le noir ou, pire, dans le vide.

Je ne veux pas abandonner. Je veux continuer de croire, d'espérer. Je veux me battre, mais à main nue, je me sens misérable. Je suis quelqu'un, quelqu'un de bien. Je suis bien, mais dans l'ombre, cachée derrière un épais couvert nuageux. Ma grisaille s'éternise, me faisant envier le soleil qui réchauffe les autres.

Je ne veux pas abandonner, mais les débuts de semaines me tuent.

Je voudrais plus de temps, je voudrais pouvoir choisir, je voudrais retirer toute cette pression qui m'écrase.

Je ne peux pas perdre, mon orgueil ne le prendrait pas. Je ne peux pas perdre, je suis en jeu. Accepter de me réduire est douloureux, exposer aux autres que je me réduis est désastreux. Je ne peux m'y résoudre. La façade tient toujours, mais elle s'effrite lentement, une fissure s'ajoutant à chaque dimanche soir.

Je veux remettre ma vie en marche, sentir mon sang s'activer pour réaliser tous mes grands projets, avancer, respirer. Je le veux de toutes mes forces, de tout mon être.

Je veux retrouver mes dimanches soirs d'avant; ceux qui me rendaient un peu triste parce que la fin de semaine avait été trop courte, ceux qui me rendaient impatiente de retrouver mes défis professionnels et même ceux qui représentaient la pause avant la reprise des difficultés et des embûches. Tous ces dimanches soirs sont vivants, peu importe leur couleur. Ils sont tout, sauf gris et étouffants.

Je veux, je peux, je sais. Mais...